Envie de voir autre chose que l'eau { libre à une personne

Messages : 107 Date d'inscription : 03/07/2010

J'étais encore posé sur un rocher, à me dorer au soleil comme une anguille. Je ne pouvais fixer le soleil sans qu'il me brûle les yeux et que je doivent replonger dans l'eau quelques heures, et pourtant il me fascinait. Le feu me fascinait, il était tellement chaud, différent de ce qui m'entourait depuis ma naissance, et je ne parlais pas de l'air !

"Valérian, qu'est-ce que tu fais encore là, à contempler le large ?"

"C'est que j'aimerais bien y être, debout, sans cette nageoire pleine d'écaille."

"Oh Valérian, quand vas-tu arrêter de rêver à être autre chose qu'une sirène ?"

"Qu'est-ce que ça peut bien faire Ismène ? Hein ? Je n'ai que ça mes rêves, que ça pour vivre encore parmi vous. Tu crois quoi ? Je serais déjà parti me livrer aux requins si je n'avais pas quelque chose pour me retenir à la vie."

"Je n'aime pas t'entendre parler de la mort et de tes sentiments égoïstes. Viens, le repas sera bientôt servis."

Puis elle replongea, Ismène ma soeur était d'une douceur admirable, mais elle ne pouvait comprendre les sentiments qui m'animaient sans cesse, cette envie d'aller fouler le sol des bipèdes avec autre chose que ma queue de poisson. Et dire que certains étaient toujours en admiration devant mon peuple. Mais c'était toujours la même chose non ? De convoiter ce que les autres avaient et qui nous était inaccessible. En attendant, je lassais le repas de côté, je préférai largement contempler la forêt et les oiseaux qui semblaient si libre.

Messages : 448 Date d'inscription : 03/10/2010

Je m'immobilisai dans l'air. Le vent caressait mon visage, frôlant mon corps tout entier. Je me sentais bien, en harmonie avec la nature si chère à mon coeur, en train de voler en compagnie de ceux qui me comprenaient le mieux, qui étaient si proche de moi... L'un des corbeaux poussa un cri sourd en constatant mon brusque arrêt. Je souris légèrement pour le rassurer, et lui fis comprendre qu'ils pouvaient continuer leur chemin. L'océan m'appelait, et ce n'était pas un lieu pour ceux de son espèce. Je ne avais encore jamais vu l'océan. Ce fut vraisemblablement la raison pour laquelle sa vue me sidéra, moi à qui le défaut le plus souvent reproché était l'indifférence. Je descendis lentement vers la surface de l'eau, au ras des vagues, me jouant de leurs tentatives pour me submerger, savourant la senteur étrange et vivifiante de ce lieu. J'avais souvent entendu parler de l'air marin, mais je n'avais jamais vraiment réalisé ce que cela signifiait.

Pourtant, j'avais passé de longues années à Atlantis... Mais mon départ s'était effectué sous une telle tempête que j'avais préféré demander à une de mes connaissances atlantes, qui maîtrisait la magie de l'eau, de m'amener jusqu'à la côte, sous l'eau. Il avait poussé la sollicitude jusqu'à me faire remonter encore plus loin dans les terres, grâce à l'embouchure d'un fleuve. Quant à mon arrivée dans l'Atlantide... Je n'avais pas eu la possibilité de découvrir l'océan à ce moment-là. Tout en pensant, j'avais continué à survoler cette immense étendue d'eau, jusqu'à parvenir près d'une île. Je m'arrêtais alors, peu désireux de remettre tout de suite le pied sur la terre ferme, et m'absorbai dans la contemplation des vagues déferlant avec régularité sur le rivage. A ce moment-là, je réalisai que je n'étais pas seul. Assise sur un rocher, une sirène me contemplait, je ne savais depuis combien de temps.

"Salut à vous. Veuillez m'excuser de mon impolitesse à votre égard, je ne m'étais pas avisé de votre présence... Je vais tenter de réparer mon manquement à la plus élémentaire des règles de courtoise, mais cela ne me parait guère aisé..."

Messages : 107 Date d'inscription : 03/07/2010

Finalement un homme attira mon attention, un bipède avec des ailes ? Intéressant. Moi qui étais homme poisson, je ne pouvais qu'envier ses ailes, des ailes d'un noir intriguant.

"Il est bien rare de voir un homme ailé se promener dans le coin." constatais-je.

C'était pour le moins curieux, vois même plus que cela. C'était intéressant que l'eau ne l'effrayait pas. Après tout c'était vrai que certains oiseaux aimaient pêcher du poisson, alors je ne devais pas trop m'en faire de sa présence.

"Vous cherchez quelque chose de spécial peut être ?" demandais-je prêt à l'aider malgré ma morosité.

"Ou alors vous ne faisiez que découvrir la région."

Et pourtant, par ici, en ces eaux, il n'y avait rien à voir. Rien qui ne méritait d'être vu plus d'une fois, on se laissait tellement vite de ce qu'on avait déjà...

Messages : 448 Date d'inscription : 03/10/2010

Je descendis encore un peu pour me trouver à sa hauteur, et ne plus avoir à baisser la tête pour le regarder. Mes cheveux, mouillés par l'écume des vagues, qui les avait atteints lorsque je planais au ras de la surface de l'eau, évitant les vagues au dernier moment pour mon plus grand plaisir, tombaient sur mon visage, encore plus décoiffés qu'à l'accoutumée. Je passai un moment à tenter, en vain, de les faire tenir derrière mes oreilles, puis abandonnai, me résignant à avoir une vision entrecoupée de bandes violettes, au gré des mèches qui passaient devant mes yeux.

"C'est effectivement la première fois que mes ailes me portent en cette région. Je ne cherchais que l'attrait de la nouveauté en me rendant en ces lieux, et je dois bien avouer que mon attente fut surpassée par ce que mes yeux ont vu... Même si j'imagine que, pour vous, tout cela, ajoutai-je en désignant d'un geste de la main à la fois vague et large l'océan qui nous entourait, splendide et majestueux, cela doit vous paraitre banal, habituel, et vous devez vous demander ce que je peux bien trouver de si magnifique à cet océan. Me trompé-je ?"

Messages : 107 Date d'inscription : 03/07/2010

Le jeune homme semblait avoir des problèmes à maintenir ses cheveux. Oserais-je l'aider ? Je n'avais rien à craindre après tout, j'étais dans mon élément bien plus que lui. Je décrochai deux broches en argent assez virile et finement ouvragées de mes cheveux pour l'accrocher dans les siens. Mes cheveux d'un noir d'encre, m'arrivant aux épaules se libérèrent. Mais impossible qu'on me confonde avec une femme, je n'étais pas assez effémine pour cela.

"Gardes-les. Je t'en fais cadeau. Ce ne sont que broches ordinaires, mais elle te serviront bien plus qu'à moi pour l'instant."

Et bien voilà, il n'était plus gêné, ses cheveux étaient à nouveau disciplinés. Je savais ce que cela faisait d'être gêné à cause de cela, lorsque je nageais et que mes cheveux n'en faisaient qu'à leur tête, quel agacement !

"En effet, j'en ai assez de voir sans cesse les mêmes choses, les paysages sous-marins sont biens ennuyeux lorsqu'on les connait déjà tous. Les forêts me font rêver, les animaux qui le peuplent également. Sommes-nous condamnés à vouloir ce que nous ne pouvons pas avoir ? Peut-être devrais-je me contenter de ce que j'ai déjà mais c'est d'un tel ennuie."

Messages : 448 Date d'inscription : 03/10/2010

Je le regardai attacher mes cheveux à l'aide de deux broches d'argent. Cela tirait légèrement mes mèches, sensation peu agréable pour moi, qui les laissait en permanence dans la plus totale liberté, mais mon champ de vision était dégagé, ce par contre qui n'était pas désagréable. Bref, autant accepter le cadeau de cette sirène avec reconnaissance, et décider plus tard si une des deux solutions avait ma préférence, ce dont je n'étais absolument pas certain.

"Je vous remercie de votre prévenance, noble sirène. Puisque vous m'assurez que votre don ne vous lèsera pas, je l'accepte de bon gré."

Fatigué de battre des ailes et ayant aperçu un tronc, vraisemblablement arraché par une tempête à la forêt voisine, j'arrachai celui-ci de l'eau d'une rafale de vent et le stabilisai dans l'air, juste au dessus de la surface de l'eau, pour me permettre de m'y poser et de replier mes ailes dans mon dos, tout en restant à la bonne hauteur pour parler avec cette sirène, dont je ne connaissais d'ailleurs pas le nom. Ce qui ne me dérangeait pas plus que cela, à vrai dire. Etant donné que je ne le rencontrerais probablement plus jamais et que je ne m'intéressais pas vraiment à lui, du moins, pas plus qu'à tous les autres êtres, à quelques exceptions près, à quoi bon ?

"Je dois bien avouer que je comprends votre sensation de lassitude. Personnellement, j'éprouve un mal fou à m'intéresser à ce qui se passe autour de moi. C'est très certainement un tord, mais je suis ainsi... Peu de choses parviennent à retenir mon attention très longtemps, sans que cela soit par ailleurs une marque de mépris. Quant à se contenter de ce que l'on a... Excusez moi si je vous parais décourageant, mais j'ai rarement ressenti longtemps l'attrait de la nouveauté. Voyez, cet océan, qui m'a tant fasciné, à tel point que je ne vous avais pas vu, c'est à peine si je lui accorde un regard à présent...

Messages : 107 Date d'inscription : 03/07/2010

"Vous devez passer votre vie dans le plus plat ennuie. Mais quel est donc votre raison de vivre ? C'est plus facile si la curiosité vous pique à mon avis."

Il avait l'air de s'ennuyer, ou alors c'était moi qui l'ennuyais ? Je le vis se poser, arrêter de battre ses ailes si fascinantes. Je me demandais à quel race il appartenait. Était-ce un démon ? Un étrange démon qui se passait de semer le mal, apparemment.

"Mais, au moins vous n'êtes pas insensible au monde. Peut être aux sentiments des gens ?" tentais-je sans arrière pensée.

"Mais si les simples choses comme les paysages peuvent prendre votre regard, c'est que vous n'êtes pas tant de marbre que ça. Enfin, pour le peu que ça me concerne !"

Je claquai ma queue sur l'eau, cela produit un son sonore, cela aurait pu être agaçant ou amusant. Mais cela eut le don de faire sauter quelques poissons. Les eaux étaient luxuriantes par ici.

Messages : 448 Date d'inscription : 03/10/2010

Etais-je réellement de marbre, comme cette sirène venait de le dire ? Il était vrai qu'il ne parlait que de mon apparence. Mais étais-je réellement insensible ? Je réfléchis pour savoir de quand datait mon dernier intérêt profond et durable, c'est-à-dire véritable, pour une chose. Mis à part mon maître, bien entendu. Difficile à dire... J'avais beau remplir avec zèle les missions que je croyais nécessaire au retour de mon maître, je ne me passionnais pas pour autant poçur celles-ci. Quant à ma raison de vivre... Cela, c'était plus facile à savoir, même si je ne pouvais pas le dire, ou du moins pas entièrement...

"Je ne sais pas... Je ne crois pas ne pas avoir de sentiments, mais... La réalité a souvent du mal à attirer, et surtout à garder mon attention. Je crois que c'est la meilleure manière d'exprimer ce que je ressens. Du moins, la meilleure que j'aie trouvée. Ce qui ne répond pas à votre question, je l'admets bien volontiers. Quant à ma raison de vivre... Tout ce que je peux vous dire, c'est que je suis certain d'en avoir une. Mais je suis mallheureusement tenu au secret. Je vous en prie, ne le prenez pas mal. Je n'ai pas le choix..."

Je repoussai d'une grande rafale de vent la vague qui s'apprêtait à renverser mon tronc, la faisant retomber dans l'océan, me laissant sur un esquif stable quoique fragile.

"Et vous, quelle est votre raison de vivre, si je ne suis pas indiscret ?"

J'étais peut-être relativement indifférent, mais cela ne me dispensait pas d'être poli avec les gens que je rencontrais. Même si cela faisait de moi un démon peu crédible, ou du moins très particulier.

Messages : 107 Date d'inscription : 03/07/2010

"Chacun a ses secrets, tout ne nous est pas révélé, encore heureux. Car la personne qui saurait tout s'ennuierait aussi. Le principal est de découvrir, et de s'intéresser."

Oh je ne lui en voulais pas de ne pas me répondre. Après tout qu'étais-je pour lui ? Un simple inconnu qu'il aura rencontré par hasard. Une simple sirène qui s'ennuie de son quotidien. Comme s'il y avait encore des choses amusantes à découvrir alors qu'on vivait déjà depuis bien longtemps sous l'eau.

"Ma raison de vivre ?" demandais-je surpris.

Je jetais la tête en arrière, regardai le bleu du ciel et les nuages qui passaient au grès du vent. J'aimais contempler les nuages, c'était quelque chose qui n'avait pas d'équivalent dans le monde sous-marin.

"Mes rêves inaccessibles sûrement. Il n'y a que cela qui me tient encore dans ce monde : l'espoir et la curiosité."

J'éclatais de rire, je devais l'ennuyer avec mes paroles, lui qui ne devait pas les comprendre comme il ne les ressentait pas. Quoi qu'il faisait l'effort de m'écouter, on pouvait donc supposer que je l'intriguais peut être un petit peu. Après tout, c'était bien beau de rêver !

Messages : 448 Date d'inscription : 03/10/2010

Il était tout à fait exact que chacun cachait des secrets en lui. Mais peu en avaient d'aussi grands que moi, du moins je le supposai. Je ne pensais pas que beaucoup d'autres êtres sur cette terre, mes semblables mis à part, ne fussent obligés de cacher jusqu'à leur race et leur origine, et ce quels que soient ceux qu'ils rencontrent... Mais ce n'était ni l'heure ni le lieu pour de semblables réflexions.

"Vos rêves inaccessibles ? Vous me paraissez bien pessimiste, si je peux me permettre... Êtes-vous si sûr que vos rêves ne puissent se réaliser, d'une façon ou d'une autre ? Je ne suis pas certain qu'il existe réellement des choses impossibles, du moins pour les êtres disposant d'un immense pouvoir, comme il en existe quelques uns. Mais il est fort possible que je me trompe, je ne me prétends absolument pas infaillible. Si c'est le cas, je trouve au contraire que faire reposer votre raison de vivre sur des choses si fragiles, telles l'espoir et la curiosité, qui sont passif pour l'un et épuisable pour l'autre... Enfin, je ne sais pas... Tout ce que je puis dire, c'est que je ne me sentirais pas de vivre comme vous.

Un léger vent s'était levé, faisant légèrement voler mes cheveux malgré les broches offertes par cette sirène inconnue. Je savourai sa caresse sur mon visage, repris soudain par l'envie de voler. Je délaissai donc mon tronc et m'élevai à quelques mètres au dessus du niveau de la mer, goûtant au plaisir causé par le vent luttant contre le battement de mes ailes, ou l'inverse.

"Puisque vous n'avez pas l'air de me trouver indiscret, oserai-je vous demander quels sont ses rêves inaccessibles ?"

Messages : 107 Date d'inscription : 03/07/2010

"Je me crois bien plus réaliste que pessimiste." assurais-je avec un sourire lumineux.

"Naturellement, mes rêves ne pourraient pas se réaliser. Après peut être en usant d'une quelconque magie, qu'en sais-je ? Si mon destin est de rester ainsi alors je resterai ainsi, mais s'il va dans le sens de mes rêves je prendrai tout ce que je pourrai prendre pour mon bonheur. Logique vous me direz." annonçais-je en riant.

J'étais d'une meilleure humeur maintenant que je n'étais plus seul à me complaindre dans mon ennuie perpétuel. Et puis mine de rien, voir des nouvelles têtes de temps en temps cela changeait le quotidien et la manière de voir le monde !

"Vous croyez vraiment que le pouvoir doit servir l'avidité des gens ?" demandais-je surpris.

"N'avez-vous pas peur que cela tourne en votre défaveur ?"

Un monde tel que celui là me faisait horreur. S'il y avait bien des gens que je n'appréciais pas du tout, c'étaient bien les égoïstes.

"Mes rêves ? J'en ai deux, mais vous allez rire sûrement !'

Je m'empêchais de rougir. Après tout, cela ne se faisait pas pour un homme !

"Tant pis ! Je me lance ! Alors l'un d'eux serait d'avoir des ailes comme les vôtres, ou des jambes comme celles qu'ont ceux qui vivent dans les forêts. Mais pour autant je ne voudrais pas quitter ma famille, car il y a des personnes auxquels je tiens énormément dans le fond des océans. Alors comment découvrir le monde sans être obligé de changer de race ? Quel monstre hybride je deviendrais en changeant de la sorte ? Je n'en sais rien, il n'empêche que tout ce qui n'est pas dans l'eau, tout ce que vous avez l'habitude de voir pique ma curiosité."

Messages : 448 Date d'inscription : 03/10/2010

Je fronçai doucement les sourcils et déclarai, réfléchissant à ce que je disais au fur et à mesure que les mots sortaient de ma bouche :

"Non, le pouvoir ne doit pas être au service de l'avidité, de l'égoïsme, de l'orgueil... Il faut trouver une cause que l'on trouve juste et noble, et se dévouer corps et âme pour cette cause. Nous, êtres de ce monde, quel que soit le lieu dans lequel nous vivons, nous ne sommes rien. C'est pour cette raison que nous devons trouver quelque chose qui nous dépasse, et dans lequel nous pouvons nous fondre, pour sortir de cette insignifiance et de ces vices dans lesquels nous sommes habituellement entravés. Mais, pour trouver cette cause qui nous dépasse infiniment tout en étant proche de nous, il nous faut de la volonté et de la persévérance dans nos rêves. Je ne crois pas au destin. Chacun est maître de son avenir. Voilà ce que je pense."

Ainsi donc, il désirait voir le reste du monde... Je souris avec nostalgie en me rappelant de mes sentiments lorsque j'étais enfermé dans la faille. Cette rancune, face à l'injustice que l'on avait faite à l'Entité en l'enfermant loin du monde... Et ce désir profond, douloureux, de voir le monde où évoluaient tous les êtres vivants, sauf nous...

"Si vous vous rendiez en Atlandide, je suis persuadé que les Atlantes trouveraient une solution. Au pire, l'un d'eux pourrait se charger de vous faire voir le monde terrestre, soit par la divination de l'eau, soit en utilisant un pouvoir de contrôle de l'eau pour créer un espace aqueux qui suivrait tous vos déplacements. Je pense que l'un des chercheurs atlantes accepterait de vous rendre service sur le sujet."

Messages : 107 Date d'inscription : 03/07/2010

"Se fondre dans une cause qui n'engage plus que nous-même, c'est faire de sa liberté une chose bridée, opprimée. Vous n'avez pas l'impression de vous perdre lorsque vous vous battez pour ces causes ? Parce que si vous vous sentez concerné, pourquoi vous battre ? Par vengeance ? Se battre pour se battre parce qu'on n'a rien d'autre à faire ou qu'on ne sait rien faire d'autre ? Donner un sens à sa vie ne veut pas dire s'oublier, perdre son individualité. Enfin ce n'est que mon humble avis."

J'espérais qu'en lui ayant dit mes rêves, il ne me trouva pas trop stupide. Oui, mon rêve était d'explorer toutes les terres qui m'étaient inaccessibles parce que je n'avais pas de jambes. J'étais curieux, tellement curieux et avide de ce que je ne pouvais avoir.

"Les Atlantes... C'est vrai qu'ils ont bon nombres de pouvoirs, mais il n'est pas facile de les convaincre. Ils aiment vivre reclus, et ont peur qu'on vienne altérer leur cité. Ce n'est pas facile de nouer avec eux, mais il me plait à imaginer qu'une fois leur confiance gagnée, on la garde pour la vie."

Messages : 448 Date d'inscription : 03/10/2010

Ma liberté... Cette évocation me plongea dans une longue rêverie. Ceux que je rencontrais en ce moment avaient une tendance étrange à toujours me parler de cela. Je ne savais pas, ou plutôt je ne savais plus, après ces conversations, si j'étais réellement libre ou non dans ma situation actuelle, mais j'étais du moins certain d'une chose.

"Je ne sais pas... Mais je suis certain d'être bien plus libre actuellement que dans ma situation précédente. Et je crois malgré tout que me dévouer à cette cause est une manière pour moi d'être libre. Je n'ai pas l'impression de me perdre. Lorsque je me bats pour cette cause, c'est même un des rares moments où je n'ai pas l'impression de me perdre dans la réalité. Et je ne me bats que pour deux raisons : lorsque ma vie est en danger et lorsque cette cause le nécessite. Mais, dans l'immense majorité des cas, je préfère éviter le recours à la violence. Généralement, cela n'apporte que des complications, et ma vie est déjà suffisamment complexe à mon goût. Enfin, ce n'est que mon humble avis, et je puis tout à fait avoir tort."

Un léger étonnement me gagna lorsque j'entendis son avis sur les Atlantes. Je savais que ce genre de préjugé était monnaie courante chez les habitants des terres comme les hommes, mais il m'avait semblé que les peuples aquatiques comme les sirènes ou les ondins étaient moins aveuglés. Mais je devais bien avouer que le comportement des Atlantes laissait aisément prise à ce genre de rumeur, avec leur indifférence marquée pour tout ce qui n'était pas l'étude. Je secouai doucement la tête. J'étais très mal placé pour le leur reprocher, mais il me semblait qu'il leur aurait été bénéfique de plus s'occuper de leur image auprès des autres peuples. Cela aurait facilité les contacts. Mais après tout, s'ils ne cherchaient pas ces contacts... Et pourquoi voulais-je faire régner l'harmonie entre les Atlantes et leurs voisins ? Ce n'étaient pas mes affaires. Je me reconcentrai sur mon interlocuteur.

"Excusez-moi de vous contredire, mais vous faites erreur sur les Atlantes. Les vicissitudes du monde ne les concernent pas, comme ils ont l'habitude de le dire aux voyageurs qui se rendent en Atlantide, mais cela ne veut pas dire qu'ils soient méfiants envers les visiteurs. Ni qu'ils recherchent la solitude. En réalité... Tout ce qui n'a pas trait à leurs recherches les laissent indifférents, c'est pourquoi il est parfois malaisé de les convaincre. Mais ils n'ont pas peur qu'on vienne altérer leur cité, pour reprendre vos mots. Du moins est-ce l'impression que j'ai eue lors de mon séjour parmi eux, qui a tout de même duré près de deux siècles. Je suis certain que si vous le présentiez comme une sorte d'expérience, ils seraient ravis de vous aider. Est-il possible pour une sirène de visiter le monde ? Beaucoup ne résisteront pas à l'idée de relever le défi."

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