KuroSora
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Le ciel s'obscurcit, les ténèbres approchent...
 
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 Chapitre 1 (partie 1)

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Karya

Karya


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Date d'inscription : 09/05/2010

Chapitre 1 (partie 1) Empty
MessageSujet: Chapitre 1 (partie 1)   Chapitre 1 (partie 1) Icon_minitimeDim 20 Fév - 10:36

Chapitre 1


Le soleil brûlait la route, les herbes de la plaine, la poussière soulevée par les roues. L'air lui-même s'embrasait sous la terrible chaleur, stagnant sur le paysage, épais, lourd, irrespirable. Les ombres se défilaient, minuscules, se cachaient autant que possible sous leurs propriétaires pour échapper aux rayons de lumière qui frappaient sans pitié. Seul le bruit de la voiture avalant des lieues et des lieues rompait le pesant silence de cette journée d'été. Les quatre roues grinçaient sur la poussière et les cailloux de la route, précédés par le galop régulier des deux chevaux éreintés. De la bave coulait de leurs lèvres sur leur poitrail mouillé de sueur. Le conducteur, torse nu, faisait claquer son fouet à intervalles réguliers à leurs oreilles. La voiture s'enfonçait toujours plus loin dans la chaleur et l'immensité de la plaine, sur cette route rectiligne qui coupait violemment en deux ce morne paysage étouffé de chaleur.

Les heures défilaient, interminables et infinies, semblaient elles aussi se trainer, douloureuses et brûlantes, étirant leur durée sous l'effet de la chaleur, comme la cire fond et s'étend en été. La voiture avançait toujours, les chevaux galopaient au maximum de leurs possibilités, mais le paysage, bien que passant comme un éclair aux vitres de la calèche, ne changeait pas, tout en n'étant jamais le même. Les herbes jaunes se pressaient toujours des deux côtés de la route, quelques roches émergeaient ça et là dans la plaine, de temps à autre un arbre était entraperçu, puis disparaissait pour laisser encore une fois place à la morne plaine plate. Quelle que soit la distance parcourue, rien ne changeait vraiment, et l'on eut dit que le conducteur s'échinait en vain à pousser ses chevaux sur une route sans fin agonisante de chaleur.

Aucun bruit ne venait de l'intérieur de la voiture, plongée dans l'obscurité par les rayons du soleil verticaux. Les rideaux étaient tirés, protégeant ses occupants de la lumière aveuglante réverbérée par la blancheur de la route. Qui cette calèche transportait-elle ? Des vampires craignant la morsure du soleil, prédateurs ne supportant pas le statut de proie ? Des cadavres compromettants, d'où la nécessité de les dissimuler aux regards d'un hypothétique inconnu, qui aurait pu les apercevoir au gré d'un croisement ? Quel chargement nécessitait de telles précautions ? Peut-être simplement des voyageurs désireux de se mettre autant que possible à l'abri des rayons du soleil et de leur insoutenable chaleur. Mais alors, quelles précautions ! Quel soin à éviter tous les regards !

Lorsqu'un cailloux plus gros que les autres ou un creux faisait tressauter la voiture, risquant d'écarter quelque peu les rideaux, de sorte qu'ils ne masqueraient plus parfaitement la vitre, une main gantée de noir apparaissait en bordure de la vitre et retenait le lourd tissu le temps que l'équilibre de la calèche soit rétabli. Mais le même silence régnait toujours parfaitement dans le véhicule, quelles que soient les secousses. Même cette main gantée agissait silencieusement, sans le moindre froissement de tissu. Tous ces soins étaient effectués imperturbablement, malgré le fait qu'il n'y ait strictement personne sur la route, même à des lieues de là, dans un sens comme dans l'autre.

Soudain, une des roues, tombant avec force dans un trou plus profond que les autres, se brisa net. Le conducteur jura et descendit de son siège, examinant les dégâts avec force de commentaires et d'imprécations. Les chevaux, constatant qu'une pause avait lieu, s'allongèrent de tout leur long sur la route, visiblement heureux de souffler pendant quelques temps. Après un long examen de la situation, le conducteur se résigna et déclara à voix haute :

"C'est cassé. Et pas réparable. Faut changer la roue. Heureusement que j'avais pensé à en prendre une de rechange. Sinon, on était bloqués ici pour un bon bout de temps. Faudra vous armer de patience. Si vous voulez aller faire un tour, vous avez largement le temps. Ça va me prendre tout le reste de la journée, donc on va vraisemblablement passer la nuit ici."

Tandis qu'il contournait la calèche, la porte s'ouvrit subitement. Sans qu'il puisse le voir, la voiture cachant la scène à ses yeux, un homme assez jeune encore, ayant à peine dépassé la trentaine, descendit avec élégance et souplesse. Ses longs cheveux bruns, détachés, volèrent gracieusement derrière lui, effleurant son visage lorsqu'il se retourna vers la porte qu'il venait de passer. Un sourire courtois sur son visage aux traits délicats, une lueur amicale dans ses yeux aux reflets rouges, il tendit son bras à la passagère qui venait d'apparaître à la portière.

Elle resta immobile quelques secondes sur le marche-pied, observant de ses grands yeux noirs le paysage morne autour d'elle. Puis, un sourire charmant apparaissant sur son visage infantile, elle sauta à terre avec toute la grâce d'une jeune femme qui a tout juste atteint la vingtaine d'années. Rejetant ses cheveux noirs derrière son oreille, elle posa sa main gantée de noir sur le bras de son compagnon. Ils s'écartèrent en silence, se dirigeant vers un petit bois dont les arbres devaient leur offrir de l'ombre, bien que légère et assez peu rafraichissante, ainsi qu'un abri, loin de tous les regards.

Ils marchèrent côte à côte pendant un bon moment, sans que l'un d'eux ne prenne la parole. Quelques temps plus tard, ayant trouvé une clairière agréable, où des pierres plates pouvaient leur servir de siège, ils s'y arrêtèrent. L'homme aida galamment sa compagne à prendre place, puis s'assit à ses côtés, entourant ses épaules de son bras. Elle s'appuya contre lui, sa tête collée contre son épaule. Distraitement, elle caressa du bout des doigts les incrustations argentées de l'habit de son ami, suivant le tracé des fils d'argent, épousant le contours des rubis sertis. Il tourna la tête vers elle en souriant et la gratifia d'une légère pichenette sur le front. Elle lui rendit son sourire avec une joie enfantine et se blottit contre lui.

Il la surveilla attentivement pendant qu'elle glissait dans un sommeil qui s'approfondissait progressivement. Lorsqu'elle fut totalement endormie, il l'installa plus confortablement contre lui, veillant à ne pas la déranger dans cette manœuvre. Il cala sa tête entre son bras et son torse, juste sous son épaule, et la poussa légèrement en arrière pour qu'elle appuie sur son bras et ne risque donc pas de tomber en avant. Il s'immobilisa ensuite pour ne pas la réveiller en bougeant trop souvent.

Quelques gouttes tombèrent dans la clairière, s'écrasant non loin des deux voyageurs. L'homme secoua doucement sa compagne par l'épaule, la réveillant sans brusquerie. Elle ouvrit les yeux, encore ensommeillée, et posa son regard embué sur lui. Après quelques clignements perplexe, le souvenir de l'endroit où elle se trouvait, des circonstances et de son compagnon lui revint, et elle lui sourit, le visage encore chiffoné par son endormissement. Tout en passant un doigt affectueux sur sa joue, il lui déclara doucement :

"Aëlys, il faut aller à l'abri. La pluie commence à tomber. Allons sous les arbres, leurs feuilles devraient retenir les gouttes."

Elle opina sans quitter son sourire et se redressa lentement. Puis, d'une pression de ses mains sur la pierre, de part et d'autre de son bassin, elle sauta à terre, et se retourna vers lui, qui se leva à son tour. Prenant son bras, ils se mirent à couvert sous l'épais feuillage des arbres voisins, alors que la pluie commençait à tomber dru. Il s'appuya contre un gros tronc et elle vint se lover contre lui, en quête de chaleur pour résister à l'humidité de l'averse. Il sourit et la prit dans ses bras.

"Ne vous en faites pas, ça ne va pas durer longtemps. Les nuages sont relativement clairs et hauts, il y a peu de chance que cela prenne une grande partie de l'après-midi. Et puis la terre en avait besoin. Sentez l'odeur de la nature qui remercie le ciel."

Elle huma l'air qui se chargeait de senteurs de pluie, de terre et d'herbe mouillée, de forêt. Les gouttes s'écrasaient autour d'eux, dans la clairière, martelant en rythme les pierres et le sol, créant une musique particulière et inimitable. Elle ferma les yeux pour mieux se laisser envahir par ces étranges percussions. Les sons entraient dans sa tête, l'envahissait totalement, à tel point qu'elle avait finalement l'impression de ne faire qu'un avec la forêt. Elle murmura, les paupières toujours closes.

"Raconte-moi quelque chose... S'il-te-plait. Raconte-moi une histoire. Je sais que je t'ai déjà demandé cela, et bien plus d'une fois. Mais j'aime tellement t'entendre me parler. Même si ce ne sont que des choses que je sais déjà, une histoire que tu m'as déjà racontée, cela ne fait rien."

Il regarda vers le lointain, l'air rêveur. Sa main se posa doucement dans les cheveux de la jeune fille, les caressant d'un geste presque inconscient.

"Très bien, je vais vous raconter une histoire. Une que je n'ai jamais encore racontée...
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