petit rendez-vous pris à l'arrache (PV Aranwë)

Aranwë s'était dirigé vers ses appartements, nonchalant.... Non, autant dire amorphe. Il avait perdu son "appétit de vivre", et de beaucoup. Même torturer les larbins, les traiter avec le plus grand mépris et la plus grande froideur, faire ses expériences habituelles, voire plus sadiques, sur les prisonniers ne lui procuraient presque plus de plaisir.
Un amant... Il n'en revenait toujours pas. Comment son Seigneur avait-il pu changer ainsi de voie...?

... Aranwë... Cela faisait longtemps... Tu n'avais plus envie de jouer avec moi?...

Aranwë ne broncha même pas. Il eut juste ce léger tic qui le prenait parfois (non, souvent en fait) lorsqu'on le dérangeait... Même si, en l'occurrence, il ne faisait rien. Enfin, il avait promis... Autant faire un effort.

"Avec votre perspicacité à toute épreuve, Illian, je pense que vous aurez assez bien remarqué que je n'ai plus envie de jouer avec quoi que ce soit."

Aranwë n'avait pas pris la peine de se retourner. Il s'assit dans un des luxueux fauteuils qui donnaient sur la cheminée ainsi que sur la baie vitrée, révélant un magnifique panorama.

"Je pense même pouvoir affirmer que vous savez pertinemment que votre présence n'était pas souhaitée. Enfin, puisque vous êtes là... Installez-vous. J'apprécierais moyennement que l'empoté qui me sert de majordome vous trébuche dessus en vous prenant pour un piquet et vous renverse sur le dos l'eau chaude qu'il a préparé pour une infusion. Il faudrait alors le châtier convenablement, et c'est le plus potable des imbéciles qu'il me reste..."

Quelques lianes vinrent s'enrouler autour des poignets de l'Autre, assez serrées, de sorte que leur descente soit interrompue.

"Je vous prierais de ne pas essayer ce genre de choses sur ma personne. Je suis fatigué, et je risquerais de malencontreusement m'énerver... Ce serait fâcheux, n'est-ce pas ?"

Un léger rire méprisant s'échappa de ses lèvres

"Intimes ? Comme vous y allez ?! Cela reste encore à prouver..."

Se levant pour s'approcher de la fenêtre et regarder au-dehors, Aranwë omit volontairement de faire disparaître les liens qui entravaient l'Autre. Il saurait très bien s'en débarrasser seul.

"Votre fausse innocence ne me plait pas... Vous êtes autant voire plus empathe que moi, alors ne jouez pas à l'ingénu. Vous savez très bien ce qu'il en est... Et apprenez par ailleurs que je ne suis pas de ceux qui se font charmer. Le Bas-Monde ne m'intéresse qu'extrêmement peu, et pas pour ce que vous essayez de faire."

Aranwë se retourna avec un sourire courtois et poli à en geler le sang coulant dans les veines de la plupart des espèces bipèdes à l'intellect développé de ce pays.

"Je regrette, mais c'est un non."

Alors comme ça, il ne l'aimait pas ? Aranwë en venait même à apprendre des choses sur lui par d'autres. Intéressant... Mais surtout incroyablement drôle. Un vampire empathe lui faisant une espèce de leçon de morale déguisée, même si ce n'était pas le but premier, lui donnait de quoi rire pour un bon bout de temps !

"Au risque de vous décevoir, je n'ai rien contre vous en particulier. Je n'aime personne..."

Un sourire presque doux apparaissant sur ses lèvres (oh la belle illusion !) il passa un doigt sur la gorge de l'Autre... A Atlantide, il avait entendu dire que cette partie du corps, chez les vampires, se mangeait délicieusement, bien préparée.

"Je ne peux pas vous blâmer de ne pas me craindre... Mais je vous conseille néanmoins de faire attention... Votre jeu m'intéressant comme les potins de mes laiderons en jupons, vous n'en tireriez d'une part aucun plaisir sur ma colère, ou de mon éventuel agacement, mais, d'autre part, vous risqueriez de vous faire attaquer là où vous ne vous y attendez pas..."

"Me feriez-vous l'affront d'oser insinuer que je ne suis pas fidèle à mon maître ?"

Une certaine indignation avait percé dans le ton d'Aranwë. S'il y avait bien une chose qu'il ne supportait pas, c'était qu'on l'accuse de traitrise, ou d'infidélité.

"Vous ne m'intéressez absolument pas, Illian, sachez-le. Nous sommes sensés servir la même cause, et je me permets de vous rappeler que j'ai passé quelque siècles à Atlantis pour sortir mon Seigneur de l'endroit où ces immondices l'avaient enfermé."

Se rassoyant calmement, il lissa légèrement ses vêtements et repassa une main négligente dans ses cheveux, laissant son cou à découvert le temps d'une fraction de seconde, avant de le recouvrir à nouveau.

"Peu m'importe vos menaces, je ne sers que Karya. De ce côté, vous n'avez aucune crainte à vous faire... Je suis son chien le plus dévoué."

Un léger sourire apparut sur ses lèvres. Décidément, l'Autre se comportait de manière drôle et pathétique à la fois. Il se disait empathe, pourquoi ne voyait-il donc pas la fidélité inconditionnelle qu'Aranwë portait à son Seigneur ? Un bien piètre vampire...

"Avant que vous ne partiez, je me permettrai de rajouter encore une chose. Je vous considère comme mon égal en matière de puissance, rangez donc ce titre ridicule que vous m'avez attribué dans vos tiroirs, il n'est d'aucun usage entre nous."

Un léger sourire passa sur ses lèvres. Un sourire qui en aurait dit long pour toute personne le connaissant un tant soit peu. Un sourire préparant une guerre dont l'Autre pourrait avoir de la peine à se relever.

Mais l'Autre ne le connaissant pas et le sous-estimant sans vergogne, se léchant ses lèvres provocatrice sans pudeur, traitant les personnes comme des jouets, prétendant s'attacher à une seule personne tout en dénigrant toutes les autres de l'entourage de son lien...

Une sorte de grosse bête qui veut faire peur, mais à qui il suffirait que son lien lui brise le coeur pour qu'il meure dans d'atroces souffrances. Hm. Touchant.

"En ce cas, que savez-vous de moi ? Ne croyez pas savoir plus ou mieux que les autres, en ces lieux vous êtes un serviteur de Karya comme tout un chacun, et nous nous devons un respect mutuel. Un mot qui doit sûrement sonner comme une bûche de bois à l'oreille d'une personne aussi grossière, soit dit en passant."

Passant furtivement sa main dans l'une de ses mèches de cheveux lui tombant sur le visage, Aranwë reconsidéra quelque peu les paroles du vampire.

"Je constate avec plaisir que le "tout le monde" vous inclue également, très cher... En ce cas, je me permettrai de vous retourner l'avertissement. Si, à présent, vous voulez bien m'excuser, j'ai quelques recherches à finir... Que vous ne m'excusiez pas ne changerait cependant rien au fait que vous n'avez plus rien à faire dans cette pièce."