sommeil interrompu (pv Illian)

Lynhild déambulait dans la forteresse sans autre but que de trouver un endroit calme où elle pourrait enfin se reposer. Être entourée ainsi en permanence par ses ennemis lui mettait les nerfs à rude épreuve. Et encore, Aranwë ne l'avait pas encore convoquée, pas plus qu'elle n'avait vu ce vampire. La bibliothèque lui parut un endroit adéquat. Certes, c'était un lieu où elle pouvait croiser Aranwë, mais si son tortionnaire avait voulu s'en prendre à elle, il n'aurait pas hésité à la faire appeler, donc même s'il se rendait en ces lieux, il y avait une mince chance pour qu'il la laisse tranquille. Elle avait donc un mince espoir. Sa main lui faisait toujours mal, mais la blessure allait mieux maintenant. Elle jeta un regard dédaigneux aux livres qui s'y trouvaient. Si Karya les avait sélectionnés, ils n'avaient aucune chance de lui plaire, et elle n'avait pas l'intention de les toucher. Elle trouva un canapé qui lui parut confortable, et s'y allongea en soupirant. Elle s'installa sur le dos, se servant de l'accoudoir rembourré pour soutenir sa tête. Sa main encore douloureuse reposait sur son ventre et elle laissait pendre son deuxième bras vers le sol. Ses yeux fixaient sans les voir les pierres du plafond.

"Je ne sais, je ne vois
Ni l'avenir, ni même le présent.
Je souffre, j'ai peur, je me noie
Dans ce piège, ces murs, le temps...

Sur ces mots, elle ferma doucement les paupières et ne tarda pas à s'endormir. Sa poitrine se soulevait régulièrement, tandis que le sommeil réparateur la dédommageait de toutes ses misères. Elle n'entendit pas la porte s'ouvrir, pas plus qu'elle ne remarqua qu'un être s'approchait d'elle.

Lynhild s'éveilla en sursaut en entendant son nom, juste à temps pour être parfaitement consciente lorsqu'Illian l'embrassa. Lui... ? Elle poussa un léger cri et l'écarta de sa main valide.

"Laisse-moi en paix !
Le sommeil m'est-il même interdit,
Et la torture continuer, même la nuit ?
Je ne suis pas ton jouet,
Retourne auprès de cet assassin,
Puisque tu es son chien !"

Illian paraissait si heureux qu'elle ne doutait pas que ses paroles n'auraient aucun effet. Cet être n'avait qu'une seule envie : jouer. Et peu important que ses victimes aient, elles, envie de jouer. Mais la jeune damnée ne comptait pas se laisser faire. Elle restait à la forteresse le temps de récupérer son sabre, mais cela ne signifiait pas qu'elle devait tout endurer sans réagir. Personne ne lui avait demandé cela, et personne n'aurait obtenu d'elle qu'elle le fasse contre sa volonté. Elle tenta de se redresser, pour s'assoir sur le canapé.

Lynhild se recula le plus possible dans le canapé, tout en sachant que cela ne lui serait pas d'un grand secours contre lui. Le vampire n'avait pas l'air de prêter une grande attention à ses paroles, mais que lui restait-il comme arme, mis à part ses répliques ? Si du moins elle pouvait appeler cela une arme. Elle fixa les yeux d'Illian, qui la dominait de toute sa taille.

"Je ne resterai ici pas un instant de plus
Que ce qui sera nécessaire et sage.
Karya m'a pris mon sabre, mon unique héritage.
Je ne partirai pas tant qu'il me sera perdu.
Range tes vaines illusions, ta morsure
M'a certes affectée, mais de mon coeur
Je suis l'unique souveraine, et de l'horreur
De tes actes j'ai refermé la blessure."

Aucune peur ne se ressentait dans la voix de la jeune damnée, pas plus que de la résignation. Elle énonçait des faits certains et avérés, que nul ne pouvait ni contester ni changer. Elle ne comptait pas aider Illian à jouer avec elle. C'est pourquoi elle n'ajouta pas le moindre mot en plus, décidée, maintenant que sa présence ici était expliquée, à ne plus ouvrir la bouche, du moins tant que la situation ne se serait pas modifiée.


[hrp : Illian, je te signale juste que je suis allongée sur un canapé, et pas assise sur un fauteuil ^^]

[hrp: oups j'avais pas remarqué, sorry ><' mais bon ça m'arrange encore mieux mouahahahhahahahahhaha lol]

M'avançant de plus en plus vers elle avec un air carnassier, je finis par éclater de rire en m'allongeant sur elle, me posant sur mes coudes en la regardant avec un air bon enfant, les yeux pétillants de malice, m'amusant de son envie de partir et de ne pas jouer avec moi, ce qui (manque de chance pour elle) ne fit que m'exciter davantage et l'envie de lui jouer des tours pendables me brûlaient les doigts.

... Tu me brises le coeur... Juste pour un objet sans valeur alors qu'un beau mâle te fait la cour... Tsss une honte moi je dis... Mais nous allons y remédier qu'en dis-tu petit jouet?...

Ronronnant légèrement en la regardant avec sadisme et joie, je la bloquais sous mon poids avant de sortir mes quenottes pour les faire glisser le long de sa gorge, mordillant légèrement sa peau pour la titiller un peu.

Lynhild ferma les yeux et s'astreignit à respirer calmement. La présence d'Illian, si près d'elle, ne facilitait pas la chose, mais la jeune damnée se contrôlait remarquablement bien, et elle parvenait à garder tout son sang-froid.

"Si tu veux me ramener mon arme,
J'accepterai de ne pas considérer ta présence
Comme une épreuve qui me coûtera des larmes
Dont me dédommagera la vengeance."

Elle frissonna légèrement en sentant les crocs d'Illian effleurer sa peau. Non... Pas encore... Plaquant sa main valide contre le torse du vampire, elle tenta de l'écarter d'elle. S'il n'y avait pas d'autre alternative, elle allait devoir se battre... Hors de question de se laisser mordre comme un quelconque animal.

"Renonce, renonce à cette folie.
Un jour, de tes actes tu paieras le prix
Et ta folle présomption sera expiée
Par un châtiment approprié."

Elle avait conscience que ses paroles étaient ridicules. Celui qui ne peut rien faire dans le présent menace par l'avenir... Mais que pouvait-elle faire d'autre ? Autant assumer son état de victime...

Lynhild poussa un cri lorsque les crocs du vampire s'enfoncèrent en lui. Mais pourquoi du plaisir se mêlait-il à la douleur et à la fureur ? Sa main blessée, écrasée par celle d'Illian, la faisait souffrir. Tout dans cette situation lui déplaisait, alors, pourquoi une partie d'elle ne voulait-elle pas que tout cela cesse ? Elle ressentait avec acuité le corps d'Illian contre le sien. Au milieu du vertige qui l'entourait, elle murmura :

"Cesse, je t'en prie, arrête cela !
Ne me tourmente pas plus, c'est assez,
Tu devrais du résultat être satisfait.
Et ne pense pas que je ne réagisse pas !"

Elle fit appel à sa télékinésie pour repousser le vampire. Elle voulait l'envoyer se cogner contre le mur, mais était trop perturbée par la morsure, et ne fit que le repousser. Elle en profita pour s’asseoir sur le canapé, le souffle court.

"Je suis peut-être prisonnière
Mais je résisterai jusqu'à la dernière
Minute, jusqu'à mon dernier souffle, jamais
Sans résistance à toi je me soumettrai !"

Lynhild se débattit lorsqu'Illian la prit contre lui, ses mains posées sur ses hanches. Mais elle ne put se débarrasser de son étreinte et ne pouvait plus le repousser avec sa télékinésie, puisqu'il la tenait fermement. Si elle avait été moins fatiguée et désorientée, elle aurait pu forcer le vampire à ouvrir les bras, mais une telle maîtrise de son pouvoir, dont elle disposait en temps normal, lui était pour le moment inaccessible. Les crocs du vampire s'enfoncèrent à nouveau en elle. Elle recommença à se débattre avec fureur, mais cessa bientôt toute résistance. Cela était inutile, et ne faisait que la vider de l'énergie dont elle pourrait avoir besoin par la suite. Des visions se formaient aux limites de son regard, floues, imprécises, mais de plus en plus nettes à mesure que son sang quittait son corps. Elle savait bien ce qu'elles représentaient... Les yeux fermés pour leur échapper, elle murmura :

"Laisse-moi... Pourquoi sans pitié et sans répit me torturer ?
Pourquoi aimes-tu autant voir des autres la douleur ?
Pourtant, comme moi, comme tous les êtres, tu as un coeur.
Comprendre les autres, ne l'as-tu jamais essayé ?"

Garder les yeux fermés ne suffisait plus... Au milieu du brouillard d'où lui parvenait la voix d'Illian, des silhouettes fantomatiques commencèrent à emplir l'espace autour d'elle. Sa famille... Ses parents... Elle poussa un cri. Non, elle ne voulait pas revivre cette scène, plus jamais ! Et pour cela, elle devait empêcher Illian de continuer à boire son sang.

"De tous les êtres comme toi j'ai pitié,
Incapables de discerner souffrance et plaisir, comme toi,
Incapables de compassion... Tu ne sais que torturer...
Mais sur les autres la faute ne rejette pas.
Et ne me crois pas si faible que cela,
A toi tu ne m'enchaineras pas."

Elle utilisa alors son pouvoir de contrôle sur l'eau pour maîtriser le flux de son sang, qu'elle pouvait manipuler comme tous les liquides. Elle le contraignit à ne plus emprunter la veine qu'Illian avait percée, mais à rebrousser chemin, à emprunter d'autres canaux. Désormais, le vampire ne pouvait plus aspirer que de l'air.

Lorsqu'Illian la gifla, Lynhild retint un cri de douleur. Elle sentit un goût âcre, désagréable, dans sa bouche. Le goût du sang. Avec le choc, elle avait dû se couper l'intérieur de la joue... Elle avala le liquide poisseux et répliqua au vampire :

"Détrompe-toi, la compassion existe, je le sais.
La preuve, c'est qu'envers toi je ressens de la pitié.
Fais-moi ce que tu veux, ce qui te plait ;
De la compassion pour toi toujours je ressentirai."

La faiblesse due au manque de sang la faisait vaciller, mais elle tenait debout sans s'appuyer sur le vampire. Elle attrapa ses mains pour l'empêcher de la caresser, n'étant absolument pas dupe de son apparente gentillesse ; il devait sûrement chercher un autre moyen de la torturer.

"Ne me confond pas avec ton amant détesté,
Jamais nous ne serons à ce degré d'intimité."

Sa proposition ? Lynhild le regarda avec méfiance. Elle ne se souvenait pas lui avoir fait la moindre proposition. Serait-il en train de devenir encore plus fou qu'avant ?

"Crois-moi, un jour tu réaliseras
Quel genre d'être est vraiment Karya."

Pensait-il réellement l'entendre crier de douleur rien qu'en lui tirant les cheveux ? Illian la sous-estimait toujours autant, visiblement. Elle n'allait pas s'en plaindre. Cela ne pouvait que lui rendre service. Par contre, le choc contre le canapé fut assez douloureux pour ses membres souffrant déjà du manque de sang. Elle regarda Illian se diriger vers la porte. Il s'en allait ? Vraiment ? Ce n'était pas un piège pour lui donner de l'espoir, avant de revenir la torturer ?

"Une chose est sure, jamais je ne me soumettrai à toi,
Pas plus qu'à quiconque. Jouet, jamais je ne l'accepterai."

Jouet... Peut-être était-elle ainsi à leurs yeux, mais peu importait. Seul comptait la manière dont elle se voyait elle-même, et c'est pourquoi elle ne cèderait jamais. C'est pourquoi elle refusait que les caresses d'Illian aient pu lui faire plaisir. Il devait y avoir une explication rationnelle, il fallait qu'il y en ait une...

Lynhild essaya de lui échapper tandis qu'il l'étranglait, lentement mais sûrement, un sourire sadique sur le visage. Mais la perte de sang lui avait fait perdre trop de forces pour qu'elle puisse desserrer l'étau de ses mains. Elle se sentait peu à peu glisser dans l'inconscience, et avait perdu tout espoir lorsque la poigne du vampire se relâcha, la laissant à nouveau respirer. Elle toussa légèrement tout en entendant Illian lui parler.

"Moins que moi tu connais ma nature.
Et tu ne penses qu'à la torture.
Le futur à l'un de nous donnera raison,
Et ton amant à nouveau sera en prison."

Elle ne se rendit compte qu'après avoir parlé que le vampire était déjà sorti de la pièce, et ne pouvait donc pas l'avoir entendue. Sa gorge la faisait souffrir, et articuler ces quelques mots n'avait pas été une partie de plaisir. Elle se rallongea sur le canapé en soupirant. Elle ne devait pas laisser ce vampire aux yeux de feu la détourner du but qu'elle s'était fixé. Un peu de repos, puis elle tenterait de subtiliser la clé du cachot de Kyoki, en utilisant son don de vision pour la localiser. Et elle veillerait, à l'avenir, à éviter ce monstre doux et cruel. Il ne faisait que la perturber, et ce n'était pas nécessaire.