enchanté de te rencontrer... (pv Iysael)

Messages : 1699 Date d'inscription : 09/05/2010

Karya se posa avec grâce sur une des îles désertiques de l'archipel des vents. Aucun être normal n'aurait eu l'idée de s'y rendre, sauf les créatures aériennes. Et celui qu'il voulait retrouver en faisait visiblement partie. Il s'assit sur un rocher, dissimulant sa présence grâce à un habile camouflage mental à l'aide de sa clairvoyance. Un peu d'attention révélait sans peine sa présence, mais il ne craignait rien. Comment l'autre pourrait-il se douter que quelqu'un l'attendait ici ? De plus, l'ange déchu n'avait absolument pas l'intention de l'attaquer. Dans le cas contraire, son instinct aurait peut-être pu l'avertir. Mais ce n'était pas le cas. Le seigneur des révoltés s'installa confortablement et attendit. L'impatience ne risquait pas de le prendre. L'objet de son attention finit par arriver sur l'île. L'ange déchu l'observa attentivement. Il ne s'était pas trompé. Un serviteur de l'Entité, hein... ? Un sourire apparut sur son visage tandis qu'une joie l'envahissait par anticipation. La discussion allait être intéressante...

"Bien le bonjour, Iysael... Sois certain que je suis enchanté de faire ta connaissance... Si, du moins, on peut appeler cela faire ta connaissance, puisque je sais déjà tout de toi... Etrange, n'est-ce pas ?"

Il avait attendu un moment avant de révéler sa présence, voulant tout d'abord observer l'homme-corbeau sans qu'il ne soit avisé de sa présence. Il attendit ensuite la réaction de son interlocuteur à cette étrange entrée en matière.

Messages : 448 Date d'inscription : 03/10/2010

Je me posai sur la plus grande île de l'archipel des vents. Ici, l'air, en soufflant furieusement en tous sens, m'offrait des sensations que je n'avais nulle part ailleurs. Le lieu idéal pour méditer, en quelque sorte. Et j'avais besoin de méditer, après tout ce qui était arrivé. Mon combat contre cette démone, qui avait déclaré revenir, ma rencontre avec Illian... Je soupirai et restai debout, immobile, sous les rafales. Soudain, j'entendis une voix derrière moi. Sans sursauter, comme si quelque chose en moi avait toujours su qu'il y avait quelqu'un, je me retournai. Quelqu'un qui me connaissait, visiblement.

"Etrange, certainement. Cependant, il se trouve que je suis difficile à étonner, noble inconnu, et que ma curiosité n'est que rarement éveillée par les événements du monde extérieur..."

Ses ailes noires indiquaient qu'il était soit un ange déchu, soit un démon. Mais je ne ressentais pas d'aura démoniaque. Ange déchu, alors ? Dans ce cas, ce devait être le seigneur des révoltés, Karya. La partie allait être difficile à jouer. Car il était évident qu'il ne venait pas pour une visite de courtoisie. Il devait avoir un but précis en tête, et je n'avais aucun moyen de savoir s'il m'était favorable ou défavorable... J'essayai de rester concentré sur la situation, ce qui était presque perdu d'avance, et attendis sans impatience aucune, l'impatience m'étant à peu près totalement inconnue, attendis, donc, de voir la suite des événements.

Messages : 1699 Date d'inscription : 09/05/2010

Ainsi donc, il était aussi impassible que ce qu'on lui avait dit... Karya sourit doucement et enchaina, nullement gêné par l'absence de réaction de son interlocuteur :

"Tu as raison, je suis Karya, le révolté d'Aërhel, déchu, emprisonné, mais libre à nouveau. On n'enferme jamais le changement à jamais. Ton indifférence n'est pas forte au point d'entacher ton sens de l'observation, à ce que je vois..."

Il s'approcha tranquillement de l'homme-corbeau et prit son menton dans sa main, observant attentivement ses yeux. Puis il lâcha négligemment, comme si les mots qu'il était en train de prononcer n'avaient aucune importance, ne signifieraient rien pour Iysael, juste une légère information qui lui passait par la tête et qu'il disait, alors qu'il aurait tout aussi bien pu ne pas le faire :

"Au fait, comment se passe ta mission ? L'Entité est-elle contente de ton travail, ou bien les choses n'avancent-elles pas suffisamment vite à son goût ? Je pourrais tout à fait imaginer qu'après un tel temps de confinement, elle ait du mal à patienter tranquillement, à attendre sans impatience l'heure, si tardive, où elle pourra enfin revenir sur le monde..."

Messages : 448 Date d'inscription : 03/10/2010

Il s'approcha de moi et prit mon menton dans sa main. Je restai totalement impassible, gardant mon regard indifférent sur son visage. Fort beau, je devais bien l'avouer. Un mélange d'angélisme et de démoniaque qui n'était absolument pas sans charme. La céleste beauté des anges sans leur aspect enfantin et quelque peu naïf... Je comprenais fort bien, à présent, l'amour que ressentait Illian pour cet être si atypique. Mais ses paroles percèrent le cours de mes rêveries et même de mon indifférence. Comment pouvait-il être au courant de ma mission, de l'Entité... ? Je me dégageai d'un mouvement vif et répliquai :

"Puis-je, noble seigneur, répondre à votre question par une autre ? Je n'ai pas vocation à servir de simple appui à une rhétorique parfaitement agencée, mais à laquelle toute réponse est, sinon inutile, du moins superflue, sauf pour valoriser les qualités de l'orateur ? Vous-même, poursuivez-vous votre révolte en étant convaincu de son aboutissement et de votre règne futur, ou bien désirez-vous au contraire concourir au retour de cette Entité dont vous parlez avec tant de désinvolture sur ce monde ? Dans les deux cas, votre attitude n'est pas rationnelle."

Sa révolte, s'il la désirait vraiment, était rendue nécessairement impossible par l'ouverture du sceau qu'elle déclencherait. Quant à la délivrance de mon maître, il aurait pu y travailler bien plus activement et efficacement en coordonnant ses efforts à ceux de tous ceux qui, comme moi, œuvraient déjà dans ce but. Je ne le comprenais pas, et cela, dans cette situation, m'agaçait légèrement. Comment décider de la meilleure attitude à aborder en ayant un doute entre ces deux buts, si diamétralement opposés ?

Messages : 1699 Date d'inscription : 09/05/2010

Karya éclata de rire face à la réaction d'Iysael. Pour un indifférent, il était tout de même facilement affecté par les paroles des autres. Il suffisait de savoir par où le prendre... Il laissa l'homme-corbeau échapper à ses doigts ; il n'avait jamais eu l'intention de le retenir. S'ouvrant un peu plus à sa clairvoyance, il suivit dans l'esprit de son interlocuteur le fil de ses réflexions étonnées et pleines de doutes. Il répondit avec un sourire amusé à sa question - si du moins cela s'appelait une réponse... - :

"Oh, mais je t'en prie. Je n'ai jamais ordonné à personne de répondre à des questions rhétoriques, et tu as tout à fait raison de souligner ce point. Je suis le Seigneur des Révoltés. J'ai été déchu de mon état d'ange à cause de cette révolte et du changement qu'elle aurait nécessairement mis en oeuvre dans ce monde. Or, mon peuple ne pouvait pas supporter cela, pas plus que les Juges des Enfers. C'était inimaginable pour eux, et cela l'est toujours. Mais je ne me suis jamais préoccupé de l'opinion des autres et j'ai toujours tracé mon propre chemin, qu'il soit sinueux ou en ligne droite."

L'ange déchu n'avait réellement répondu à aucune des interrogations d'Iysael, laissant à chaque fois planer le doute sur sa motivation réelle, emplissant chaque mot d'une ambiguïté impossible à trancher, à moins de parvenir à lire ses pensées les plus secrètes, ce que pour l'instant personne n'avait accompli et ce que, vraisemblablement, personne n'accomplirait à l'avenir.

Messages : 448 Date d'inscription : 03/10/2010

Il n'avait répondu à aucune de mes questions, se plaisant à ne choisir que des termes équivoques pour me laisser dans l'ignorance totale. Je fronçai les sourcils. Cette situation ne me plaisait guère. J'avais l'habitude que mon indifférence poussée à l'extrême me serve de bouclier face aux autres, pour les forcer à se dévoiler en s'énervant, me donnant du même coup un avantage significatif contre eux. Mais cet ange déchu, en quelques phrases, avait retourné mon système contre moi, en me faisant réagir brusquement, tandis que lui restait calme et inaccessible, tout comme lorsqu'il était arrivé. J'aurais bien aimé me forcer à me calmer, mais, comme cet état m'était presque étranger, je ne savais pas comment m'y prendre. Je me passai la main dans mes cheveux, déstabilisé et inquiet. Je ne savais pas si cette rencontre servait ou non ma mission, mais je craignais que non. Que faire ? Un coup de vent plus fort que les autres me déstabilisa, et je me rattrapai d'un battement d'ailes instinctif. Cet événement me rappela à la réalité, faisant redescendre en moi cette surprise et cette colère si inhabituelles.

"Ma foi, je suis flatté de voir que mon être est suffisamment important à vos yeux pour que vous daignez vous déplacer en personne pour venir me rencontrer. A moins, bien sûr, que ce ne soit la valeur de mon maître qui vous ai incité à cette action, ce que je concevrai sans difficulté aucune. Après tout, si j'ai jugé bon de dédier ma vie à l'Entité, il serait ridicule que je sois jaloux de l'intérêt qu'on lui porte à travers moi, n'est-ce pas ? D'ailleurs, je ne crois pas avoir jamais ressenti de jalousie envers quiconque... Mais pourquoi ne me diriez-vous pas ce qui vous a amené ici ? Car ce n'est certainement pas pour le plaisir de me voir perdre quelques instants cette indifférence qui m'entoure la plupart du temps ?"

Je le considérai à nouveau en repensant à Illian, qui décidément occupait beaucoup mes pensées ces derniers temps. Mais après tout, il était l'être que j'avais le plus rencontré ces derniers temps, alors cela n'avait rien d'étonnant, surtout lorsque je me trouvais en face de son amant. Ses ailes me semblaient différentes des miennes, sans que je sache réellement dire pourquoi - comme pour de nombreuses autres choses...

"Je ne sais si Illian a de la chance d'être votre amant ou non. S'il est vrai qu'il possède votre coeur, j'imagine que oui, mais je ne suis pas sûr que j'apprécierais d'aimer un être impossible à cerner. Ne jamais savoir quel est le fond réel de votre pensée me gênerait fréquemment. Mais Illian a l'air heureux, donc je dois certainement me tromper. D'ailleurs, je ne sais même pas pourquoi je dis cela..."

Messages : 1699 Date d'inscription : 09/05/2010

Karya sourit doucement. Sa clairvoyance l'avait averti qu'Iysael, après un bref sursaut, était revenu à son état habituel. Un souffle de vent avait suffit. Par contre, il dégageait toujours la même impression d'incompréhension face à l'attitude de l'ange déchu. Ce qui lui convenait parfaitement. Il fit mine de réfléchir avant de répondre à la question de l'homme-corbeau.

"Je voulais faire ta connaissance, mon cher. Et voir ce que je pouvais tirer de toi. J'aime pousser les gens dans leurs derniers retranchements, les forcer à agir différemment de ce qu'ils auraient fait spontanément. De plus, comme tu existes, il faut bien que je tienne compte de toi dans mes plans, n'est-ce pas ? Tout comme tu tiens compte de moi dans les tiens, même si tu ne sais pas comment le faire..."

Il contourna Iysael, se plaçant derrière lui en posant sa main sur son épaule. Approchant sa bouche de son oreille, il lui murmura doucement :

"Je sais pourquoi tu dis cela, Iysael. Tu as rencontré Illian, tu l'as vu plusieurs fois. Je le sais. Il est logique que ces rencontres successives l'aient imprégnés, toi qui est si attentif à l'état du monde autour de toi, malgré ce que tu laisses voir. Jaloux ? Non, tu n'es pas jaloux. Tu ne peux pas l'être, n'est-ce pas ? Mais peut-être commence-tu, en ton fort intérieur, à te demander pourquoi ton maître t'impose-t-il cette mission, en t'empêchant d'avoir des relations normales avec quiconque... C'est pour cela que ce sont ces réflexions-là, et pas d'autres, qui te sont venues..."

Messages : 448 Date d'inscription : 03/10/2010

Sa réponse, une fois de plus, ne m'apportait strictement rien. Mais cela m'affecta bien moins que la première fois, signe que ma nonchalance habituelle reprenait le dessus, un peu trop à mon goût, même... Ce qui me frappa fut la similitude entre ce qu'il me déclarait et ce que je pensais moi-même. Pousser les gens dans leurs derniers retranchements ressemblait étonnamment à ma tactique pour les amener à m'en révéler plus sur eux qu'ils ne l'auraient voulu au premier abord. Je me demandai si c'était une coïncidence ou non. Car j'avais entendu dire que le seigneur des révoltés possédait le don de clairvoyance. Ce qui pourrait expliquer cette ressemblance, s'il avait décidé de s'en servir pour m'embrouiller. Auquel cas il avait parfaitement réussi, puisque je réalisai que je m'étais enfoncé dans mes pensées. Pendant ce temps, Karya s'était déplacé et se trouvait maintenant derrière moi. Je sentais sa présence dans mon dos, tout proche. Sa main se posa sur mon épaule, et je sentis son souffle sur mon cou. Ses paroles me surprirent une nouvelle fois, et je perdis, pour la seconde fois en quelques minutes à peine, et mon indifférence et le contrôle de moi-même, sentant une vague de colère, d’indignation me parcourir. Comment avait-il osé dire une telle chose ? Remettre en cause mon engagement absolu pour mon maître ?

"Mon maître passe avant tout à mes yeux, et je ne lui ferai pas l'affront d'avoir des désirs personnels alors qu'il m'a confié une mission de la plus haute importance ! Vous savez pertinemment ce que je viens faire ici, donc, je vous en prie, abstenez-vous, à l'avenir, d'émettre, du moins en ma présence, de telles hypothèses stupides et sans fondement."

La violence de ma réaction me surprit le premier. Et un doute affreux en profita pour s'insinuer en moi. Avais-je réagi ainsi parce que l'ange déchu avait dit la vérité, un sentiment en moi que j'ignorais, mais qui n'en était pas moins vivace et réel ? Aurais-je réellement pu penser une telle chose de mon maître, qui était le seul être réellement important à mes yeux ? Non, impossible... n'est-ce pas ?

Messages : 1699 Date d'inscription : 09/05/2010

La réaction d'Iysael amusa énormément Karya. D'un certain côté, elle lui rappelait un peu celle qu'avait parfois Aranwë, lorsque quelqu'un remettait en question sa fidélité. La même colère outragée, quoique plus dissimulée chez son second, peut-être. Et elle n'entrainait pas ce douloureux questionnement, comme Iysael était en train de faire. Le tenant toujours fermement par l'épaule, au cas où il lui viendrait l'envie d'essayer de se dégager, il continua, murmurant toujours tout bas contre son oreille :

"Sincèrement, Iysael... N'as-tu jamais eu envie d'être libre comme les autres ? De pouvoir faire ce qui te plait, et non de toujours calculer tes actes, leurs effets, ce que tu risques en dévoilant telle ou telle chose... ? Alors que tout cela est si loin de ta véritable nature... Toi qui n'aspire qu'à vivre dans le présent, en laissant le passé s'effacer peu à peu dans les brumes de l'oubli et en gardant au futur toute sa spontanéité... Pauvre de toi, te voilà obligé de passer ton temps à peser tes actes... Iysael, es-tu certain de désirer cette vie, au plus profond de toi ?"

Messages : 448 Date d'inscription : 03/10/2010

Je ne comprenais pas pourquoi Karya me disait de telles choses ? C'était absurde, tout simplement absurde... Au fond de moi, je sentais bien qu'il voulait me déstabiliser, me manipuler pour me faire perdre pied, mais je n'arrivais pas à ne pas entrer dans son jeu. Ses suppositions m'agaçaient au plus haut point, et je n'arrivais pas à ne pas réagir. Il avait réellement trouvé la manière de me faire sortir de moi-même et de mon bouclier d'indifférence.

"Ce choix, je l'ai fait en toute liberté. Je sais ce que je veux, n'essayez pas de me faire penser autre chose, cela ne sert à rien. Je suis le fidèle serviteur de mon maître, et je ne changerai pas. Pourquoi tout cela ? Uniquement parce que vous aviez envie de vous amuser et que vous avez pensé que je ferais une bonne victime, un bon jouet ?"

Si loin de ma véritable nature... Il était exact que cela me forçait souvent à faire des choses qui ne me seraient pas venues naturellement à l'esprit, mais cela ne résultait que de ma propre volonté ! Je m'arrachai d'un bond à son étreinte, furieux, et sortis mon arme.

"Je n'ai que trop écouté vos paroles insensées. Encore un mot et vous pourriez le regretter, Seigneur des Révoltés. Je ne suis pas d'humeur à vous laisser vous amuser à mes dépens, croyez-le bien. Continuez, et je vous déchirerai le bras sans remords, sans même savoir si vous êtes dans mon camp ou non."

J'étais réellement prêt à frapper avec mon arme pour entourer son bras avec celle-ci, en faisait pénétrer toutes les lames dans sa chair. La colère m'avait pris, et, comme je n'en avais pas l'habitude, je ne maîtrisais pas grand-chose. S'il ajoutait encore un mot, mon bras se détendrait, projetant mon arme dans les airs, vers lui. J'en étais parfaitement capable, et cela se lisait sur mon visage, sans qu'il soit nécessaire de recourir à la clairvoyance ou à un quelconque autre don psychique.

Messages : 1699 Date d'inscription : 09/05/2010

Karya sourit doucement en voyant Iysael se mettre en position de combat. Ainsi donc, ses propos lui déplaisaient tant que ça ? Raison de plus pour continuer, alors... Il s'approcha d'un pas de l'homme-corbeau et déclara calmement, ignorant ostensiblement et avec dédain ses menaces :

"Tu l'as choisi, certes. Je n'ai jamais dit le contraire. Mais es-tu content de ton choix ? Telle est la question..."

Aux premiers mots qu'il prononça, son interlocuteur mit sa menace à exécution. Les lames de l'arme entourèrent son bras gauche, le blessant assez profondément. Sans manifester la moindre douleur, il fit un mouvement brusque de ce même bras, arrachant par là son arme à Iysael. Il la détacha ensuite soigneusement de son bras et la jeta au sol. Il utilisa ensuite son pouvoir sur le temps pour se déplacer vers lui sans qu'il ait le temps de réagir et le poussa contre un rocher de grande taille. Il posa alors ses mains de part et d'autre de sa tête, l'obligeant à le regarder.

"Iysael, pourquoi refuser de regarder la vérité en face ? Car j'ai raison, n'est-ce pas ? Tu n'es pas à l'aise dans ce que ton maître te demande de faire... Et si c'était à refaire ? Si tu avais à nouveau le choix de servir ton maître ou non ? Accepterais-tu ?"

Messages : 448 Date d'inscription : 03/10/2010

Il m'avait arraché mon arme des mains. J'étais stupéfait face à tant de... maîtrise ? Folie ? Je ne savais trop si c'était l'un ou l'autre, mais cela dépassait largement mon entendement. Se faire blesser, agrandir soi-même sa blessure, pour désarmer son adversaire... Quoique, je n'étais pas certain d'être son adversaire, ni à ses yeux, ni aux miens, puisque je ne comprenais pas mes réactions. J'avais l'impression d'assister en spectateur aux mouvements de mon propre corps, aux paroles de ma propre bouche, comme si je n'avais aucun contrôle sur eux. Je reculai devant lui jusqu'à un rocher contre lequel il m'enferma en posant ses deux bras de part et d'autre de ma tête. Je sentais le sang de ses blessures goutter sur mon épaule droite. Je secouai la tête, refusant toujours ce qu'il me disait.

"Non, c'est faux. Vous ne savez rien de moi, ni de mes pensées, ni de mes sentiments profonds. Je suis pour l'instant le seul à avoir accès à eux, bien que cet accès soit parfois intermittent. Et je sais que vous avez tord sur le fond. Si je devais choisir à nouveau de servir mon maître ou non, je le ferais sans hésiter. Je veux bien admettre que je ne suis pas toujours à l'aise dans ce qu'il me demande de faire, mais je suis prêt à me dépasser, à dépasser mes répugnances naturelles, pour le servir. J'en suis capable. Et vous le savez fort bien, Seigneur des Révoltés."

Je plongeai mon regard dans le sien. J'étais à nouveau revenu à mon état normal, sans que je sache précisément pourquoi. Cela faisait tout de même beaucoup de changements en peu de temps...

"Après tout, n'êtes-vous pas vous même allé contre votre nature d'ange pour mener à bien votre révolte ? N'avez-vous pas dû dépasser certains de vos sentiments angéliques, comme l'aspiration à la pureté ou le désir de faire le bien ? Ne me dites pas que vous ne les savez jamais ressentis, même dans votre jeunesse. Tous les anges naissent ainsi, même si certains peuvent changer par la suite."

Messages : 1699 Date d'inscription : 09/05/2010

Karya resta silencieux quelques secondes après la réponse d'Iysael, puis se mit à rire. Il s'écarta du rocher, laissant l'homme-corbeau libre de ses mouvements, et alla ramasser son arme, qu'il lui jeta négligemment. Toujours riant, il soigna les multiples blessures que les lames lui avaient infligées d'un revers de la main, négligemment, comme toujours lorsqu'il se servait du seul pouvoir angélique qui lui restait.

"Tu as parfaitement raison, Iysael. Belle répartie, que j'apprécie à sa juste valeur, vraiment. Je croyais avoir réussi à te déstabiliser complètement, je t'avais effectivement déstabilisé, mais tu as réussi à retrouver ton calme et à retourner mon argumentation contre moi. L'Entité a de la chance de t'avoir pour serviteur. Tu ne risques vraiment pas de la trahir !"

L'ange déchu sourit à Iysael, amusé et satisfait de cette discussion. Le fait d'avoir échoué dans son intention ne semblait pas l'affecter outre mesure, et il avait au contraire l'air véritablement content.

"Au plaisir de te revoir, donc. Et j'espère que tu ne changeras pas, cela me décevrait terriblement."

Sur ces mots, il s'envola, laissant son interlocuteur seul avec toutes les questions qu'il pourrait se poser sur cette rencontre.

Messages : 448 Date d'inscription : 03/10/2010

J'attrapai par réflexe mon arme lorsqu'il me la jeta, surpris par ce changement brusque dans son comportement. Il soigna ses blessures. Donc, il avait bel et bien conservé ce don de sa nature angélique, malgré le fait qu'il ait été déchu par les Juges des Enfers... Cela devait tout de même être étrange, de voir la parole d'un autre changer irrémédiablement ce que l'on était, sans que l'on puisse avoir la moindre incidence sur cela... J'avais certes changé depuis que j'avais juré fidélité à l'Entité, mais je l'avais fait de mon propre chef...

"Je ferai tout ce que je peux pour être utile à mon maître. Mais je ne vous comprends toujours pas... Je ne sais toujours pas quoi penser de vous, vous le savez, et cela vous amuse..."

Je le regardai partir sans bouger. Une idée effleura mon esprit, achevant de brouiller les cartes à son sujet. Et si il voulait effectivement libérer l'Entité et qu'il avait fait cela pour juger de mon degré de fiabilité ? Je n'en avais pas la moindre idée. Je soupirai. De toute manière, je verrais cela en temps voulu, inutile de me fatiguer à essayer de résoudre dès maintenant un problème qui concernait l'avenir. Cette pensée me confirma que j'étais revenu à mon état normal. Je restai quelques secondes immobile sous les rafales de vent, puis m'envolai à mon tour. Je n'avais plus envie de rester ici. Il fallait que j'aille retrouver un moment mes amis les corbeaux, ils me changeraient les idées.

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