emprisonnement et jeu (pv Maître du jeu et Aranwë)

Karya se posa sur la plus haute tour d'Aërhel et laissa le corps de son prisonnier tomber sur les pierres noires. Il fit signe à l'un de ses serviteurs, qui accourait, de le ramasser et de le porter pour lui. Sans un regard en arrière, il s'engouffra dans les couloirs sombres de la Forteresse maudite. Arrivé dans la salle de recherches, il s'arrêta et attendit que son serviteur le rejoigne, peinant sous le poids de l'ange inconscient. Il le laissa poser son fardeau sur le sol puis lui déclara d'un ton sec :

"J'espère que c'est bien la dernière fois que je dois attendre quelque chose que tu m'apportes. Je n'ai pas de temps à perdre en ce moment, mais... Je pourrais en glisser un mot à Aranwë, je suis sûr qu'il aurait du temps à te consacrer..."

L'autre s'inclina plus bas que terre, affreusement pâle, et se retira au plus vite, tremblant. Karya n'était pas tendre avec les serviteurs qui le décevaient, pas plus qu'Aranwë... L'ange déchu ramassa Salan et le jeta contre le mur. Saisissant les deux chaines scellées dans la roche, il attacha les poignets de l'ange, pour qu'il ne puisse pas s'évader. Les chaines étaient insensibles à la magie...

"Attends-moi là bien sagement. Je vais te présenter un ami très cher. Il s'occupera peut-être même de toi avec moi."

Sur un dernier rire, il quitta son prisonnier toujours inconscient. Trouver Aranwë, maintenant...

Salan ouvrit les yeux. Karya ne l'avait pas achevé... ? Pourquoi ? Un bruit au dessus de sa tête lui fit lever les yeux. Il était attaché au mur. Dans la Forteresse maudite... Il devait trouver un moyen de s'échapper, et vite ! Il fit appel à ses pouvoirs pour rompre les chaines, mais elles résistèrent à toutes ses tentatives. Pourtant, il ne pouvait pas rester prisonnier ici. Si les chaines étaient incassables, alors il ne lui restait plus qu'à... Il se tourna autant qu'il le pouvait vers le mur.

"Par le pouvoir de la lumière, je purifie cette pierre. Disparais de ce monde !"

L'incantation eut l'effet souhaité. Il avait encore les chaines aux poignets, mais elles n'étaient plus reliées au mur. Au moins, il était libre de ses mouvements, même s'il n'avait plus son épée, laissée dans les mines par Karya, vraisemblablement. Le tout était de parvenir à sortir avant que l'on s'aperçoive de son absence. Trop tard, la porte s'ouvrait ! Il se mit en position de défence, un cercle de lumière autour de lui.

Karya ouvrit la porte et s'immobilisa. Tiens donc, il avait réussi à s'échapper... Il vit le trou dans le mur, là où se trouvait précédemment la pierre servant à sceller les chaines, et comprit. Salan était assez intelligent, pour finir. Un cercle de lumière comme protection ? Il en viendrait facilement à bout, cela ne l'inquiétait pas le moins du monde. Il était tout de même content d'être revenu rapidement. Il avait failli laisser s'échapper un prisonnier qui promettait d'être amusant. Il se tourna vers celui qui l'accompagnait.

"Mon cher Aranwë, laisse-moi te présenter Salan. Mon frère, qui a désormais rejoint la Brigade d'Epuration pour... comment avait-il dit, déjà ? Mettre fin à ma pitoyable révolte, je crois. J'ai pensé que l'étude d'un ange ayant gagné des pouvoirs du Maître de Cathara te plairait, c'est pourquoi je suis venu te chercher. Qu'en dis-tu ?"

Il parlait exactement comme si le fait que Salan soit détaché n'avait aucune importance, et comme s'il ne les entendait pas, ou ne pouvait pas les comprendre. Ce qui était exactement ce qu'il pensait. Il sourit légèrement à son compagnon favori. Il connaissait sa passion pour le savoir et les recherches, et ne doutait pas que ce qu'il lui proposait lui plairait. Ils n'avaient encore jamais eu un membre de la Brigade d'Epuration prisonnier dans leurs murs.

Aranwë entra dans la pièce, précédé de son mentor Karya. Il était venu le chercher, sourire aux lèvres, pour lui proposer de l'accompagner.

"J'ai quelque chose qui pourrait t'intéresser..."

Intrigué, Aranwë l'avait suivi, sentant monter en lui l'excitation des nombreuses fois où le "cadeau" s'était révélé être un sujet d'études encore en vie...

Aux paroles que prononça Karya, une lueur de convoitise sadique se mit à briller dans ses yeux. Un sourire carnassier à en glacer le sang, il observa le spécimen avec le plus vif intérêt, avant de se retourner vers Karya.

"En effet, c'est un sujet d'études on ne peut plus intéressant, et je vous en remercie profondément. Ai-je... Une limite à respecter dans mes recherches ?"

Aranwë reporta son attention sur Salan. Ainsi, c'était le frère de son mentor. Un imbécile qui n'avait pas compris Karya, et qui, de surcroît, s'était engagé dans la Brigade d'Epuration.

Karya sourit en voyant la réaction de son compagnon en découvrant Salan. Il connaissait bien cette lueur de convoitise dans son regard.

"Une limite ? Laisse-moi réfléchir... Peut-être le garder à peu près en vie. Il est possible que mon... amour fraternel me pousse de temps en temps à lui rendre une petite visite."

Il se tourna vers son frère, toujours derrière sa barrière de lumière. Agaçant, à la fin... Il soupira. S'adressa à Aranwë.

"Peut-être aimerais-tu que je me batte un peu contre lui, que tu voies ses pouvoirs ? Le rôle de simple observateur est généralement bien plus productif dans ce genre de cas. Et puis... Dans les mines, comme je voulais à tout prix le ramener, je n'ai pas pu prendre mon temps..."

Aranwë n'avait pas quitté Salan des yeux, tournant autour comme un chasseur autour de sa proie capturée, la détaillant avant de la dépouiller. Reportant son attention sur Karya quand celui-ci lui adressa la parole, un sourire apparut sur son visage, ainsi qu'une lueur de gratitude sans bornes dans ses yeux. Il était gâté.

"Ce serait avec joie, Seigneur Karya. Puis-je cependant vous demander l'autorisation de me mêler de votre combat, au cas où il venait à dégénérer ? Vous n'avez pas pris le temps de vous reposer depuis votre retour... Bien que je ne doute pas de votre excellente condition physique habituelle, je tiens à m'assurer que mon Seigneur, comme mon sujet d'étude, s'en sortiront sans la moindre égratignure."

Aranwë tourna son regard vers Salan, sadique.

"Du moins, avant que je ne prenne en charge ledit objet d'études..."

Karya eut une moue méprisante. Dégénérer ? Contre son frère ? Il retint une réplique cinglante, sachant bien que son compagnon n'avait pas voulu l'offenser. Une simple lueur d'agacement passa dans son regard. Il répondit :

"Si tu y tiens... Mais ne t'en fais pas pour moi, ce n'est pas un combat contre une trentaine de ces gens qui va me fatiguer."

Sentant le regard de son frère se poser avec insistance sur sa joue, il se mit à rire en passant la main sur la blessure, qui disparut aussitôt. Gratifiant Salan d'un sourire terrifiant, il prit son trident. Se tournant encore une fois vers Aranwë, il déclara :

"Pas une égratignure ? Tu m'en demandes beaucoup... Mais bon, pour toi, je ferai attention. Je pense être capable d'apprécier ce combat malgré tout... Tu es prêt, Aranwë ?"

Salan serra les poings. Il allait devoir se battre contre son frère sous le regard de cet elfe sadique. Et sans son arme, bien entendu. Mais il n'était pas sans ressources, quoi qu'ils puissent croire. Et le regard que lui avait lancé Karya avant d'effacer sa blessure lui interdisait de refuser le combat, quand bien même il l'aurait pu.

"Approche, monstre. Il ne sera pas dit qu'un membre de la Brigade d'Epuration aura reculé lorsqu'il avait une occasion de t'arrêter !"

Il rassembla la lumière qu'il avait invoquée devant lui, comme bouclier pour contrer les attaques de l'ange déchu, qui n'appréciait pas outre mesure la lumière. Il releva les bras à l'horizontale, pour se servir de ses chaines comme armes, puisque c'était les seuls objets susceptibles de lui en tenir lieu. Il lui restait à trouver un moyen de contrer le feu de Karya... Mais peut-être ne s'en servirait-il pas, par peur de l'abîmer, ou de gâcher son plaisir... Salan n'avait plus qu'à espérer que ce fut le cas. De totue façon, tant qu'il pourrait, il n'utiliserait pas les pouvoirs que le Maître de Cathara lui avait octroyés. Il ne tenait pas à ce que cet immonde esclave puisse les étudier.

"Je vous en remercie grandement, Seigneur Karya. Je vous souhaite de retirer tout le plaisir possible de ce combat, malgré les limites que je me vois forcé de vous demander..."

Aranwë alla s'installer dans un coin de la grande pièce, observant l'échange de regard entre Karya et Salan avec le plus vif intérêt. Beaucoup de haine s'en dégageait, c'était à en frissonner de plaisir. Remarquant qu'un afflux de mépris lui était attribué, il fit un sourire très poli à Salan.

"Je vous demanderai de ne pas vous retenir, mais ne vous épuisez pas inutilement non plus. Sans quoi, je n'aurai qu'un tas de chair flasque à étudier, et cela me déplairait grandement."

Reportant son regard sur Karya, il inclina la tête en signe d'approbation à la question qui lui était posée. Que le combat commence...

Bien, puisqu'Aranwë était prêt, autant ne pas différer davantage les réjouissances. Il sourit en voyant Salan, après sa bravade, à laquelle l'ange déchu n'avait pas daigné répondre, se préparer à se battre avec ses chaines. Ah, il avait l'intention de ne pas leur montrer ses pouvoirs spéciaux ? Vraiment ? Un sourire amusé apparut sur son visage. Il prenait cela pour un défi. Et il n'avait jamais refusé de relever un défi, surtout pas un de ce genre. Et puis, cela ne rendrait le combat que plus intéressant. Une autre pensée de son frère l'intéressa. Et l'amusa. Il se tourna vers Aranwë.

"Mon cher Aranwë, tu as sûrement senti ce que mon frère pense de toi, mais j'aimerais te préciser les termes qu'il utilise en parlant de toi. Il a tout d'abord utilisé "elfe sadique", mais je ne pense pas que tu te formalises sur ce point. Puis il est passé à "immonde esclave". Je te laisse seul juge de la justesse de cette expression à ton égard."

Il adressa un sourire à son compagnon, avant de se concentrer à nouveau sur Salan. Bon, lui faire utiliser ses nouveaux pouvoirs... Il fallait qu'il le mette dans une situation où il n'aurait pas d'autres chose que de s'en servir.

Aux paroles que Karya retransmis à Aranwë, les yeux de ce dernier s'assombrirent d'un seul coup tandis que son visage prenait l'expression d'une effroyable politesse. Bien que le terme "d'elfe sadique" soit pour lui l'équivalent d'un compliment, être traité d'esclave, immonde qui plus est, ne lui plut pas du tout. Sans même bouger de son coin, il fixa Salan dans le blanc des yeux, commençant à s'insinuer en lui pour chercher ses pires peurs et les matérialiser grâce à ses illusions, plus vraies que nature.

"Monsieur l'insolent apprendra avec joie, j'en suis certain, que, moi, j'ai rejoint une cause qui me paraissait juste, et que mon Seigneur Karya ne me traite pas en esclave. Bien que j'éprouve pour lui le plus grand respect, il me faut préciser que, s'il essayait, il perdrait l'un de ses plus loyaux fidèles. Contrairement à l'être simplet que vous êtes, je n'ai pas été bêtement embrigadé, par une personne dont je ne connais même pas le visage, pour quelque chose dont je ne comprend même pas les tenants et les aboutissants. Ici, l'esclave, c'est vous. Immonde qui plus est, puisque vous souhaitez opprimer tous les peuples sous des lois caduques et sottes."

Sentant gronder en lui une colère sourde, Aranwë força les portes de l'esprit de l'ange et y insuffla la pire des illusions pour Salan : la destruction de Cathara par Karya, la mort du fameux maître de la Brigade d'Epuration, aisni que la victoire des révoltés sur le monde, avec énormément de "pauvres innocents" tués sans pitié, l'appelant à l'aide, et lui, bloqué, ne pouvant rien faire...

Salan regarda son frère, surpris. Il ignorait totalement que celui-ci avait un pouvoir de télépathie. De plus, ses paroles avaient visiblement fortement déplu à l'... au compagnon de Karya. Il s'apprêtait à répondre quand une vision horrible lui traversa l'esprit. Poussant un cri d'effroi, il recula de quelques pas en titubant, une main posée sur son front. Une illusion... ? Il n'en avait jamais subie d'aussi réaliste... Se reprenant peu à peu, il déclara à Karya :

"Serait-il possible que nous nous battions sans que j'ai à supporter les remarques, pour moi dénuées de sens, de celui-là ? S'il pense que je suis embrigadé dans quelque chose que je ne comprends pas, grand bien lui fasse. Je ne vais pas essayer de le détromper. Mais, comme j'avais l'occasion de me battre contre toi, j'aimerais bien ne pas la gâcher, si cela ne te dérange pas..."

"Ce n'est pas bien, d'ignorer mon ami de cette façon, Salan. Je pourrais me fâcher..."

Il fit un sourire à Aranwë et reprit, s'adressant à nouveau à son frère :

"Etant moi-même farouchement attaché à mon indépendance, il ne me viendrait pas à l'idée d'imposer à mes compagnons un esclavage stupide, les privant de toute liberté personnelle. Tous ceux qui me rejoignent le font de manière totalement libre. C'est ce que vous n'avez jamais réussi à comprendre."

Il prit un ton de confidence pour continuer.

"De plus, je te conseillerais de ne pas trop énerver Aranwë, étant donné qu'il va s'occuper de toi dans... peu de temps. Et, moi-même, je n'aimerais pas tomber entre ses mains, encore moins s'il a des raisons de m'en vouloir..."

Salan se tourna vers son frère tandis qu'il se moquait de lui. La haine avait encore augmenté en lui, il était prêt à tout. Il savait ce qu'il devait faire. Pour lire dans son esprit, Karya avait forcément dû...

"Tu vas voir ce dont je suis capable, misérable. Continue à jouir de ta position, je vais te le faire regretter !"

Il utilisa alors le pouvoir mental dont le maître de Cathara lui avait fait don, pouvoir qu'il avait fait attention de cacher, soigneusement, même quand Aranwë avait pénétré dans son esprit. Il attaqua violemment l'esprit de son frère, très sensible à ce pouvoir. Il lui inséra une souffrance mentale insupportable. Karya s'écroula, inconscient, en poussant un cri de douleur.

Aranwë, observant la scène, bondit sur ses deux jambes et se précipita sur Karya, pour le portéger de toute éventuelle attaque physique. Une lueur mauvaise dans les yeux, il prit son mentor dans ses bras, et fixa Salan avec toute la colère dont il était capable.

"Je constate que les pouvoirs du Maïtre de Cathara sont aussi puissants que la rumeur le dit... Un simple Ange n'aurait pas pu s'en prendre aussi violemment à mon Seigneur. Et... Il me semblait l'avoir bien précisé, je ne voulais pas la moindre égratignure. Physique, ou mentale..."

Un vent violent se leva dans la pièce, tourbillonnant violemment. Seuls Aranwë et Karya, au centre de la tornade, ne bougèrent pas. Le vent claquait, fouettait, blessait.
Aranwë, au comble de la colère, fit apparaître de nombreuses lianes coupantes, qui s'enroulèrent autour de l'ange, très serrées, afin de l'immobiliser et enfoncer les épines profondément dans sa chair. Utilisant son illusion, noir de rage, Aranwë pénétra une nouvelle fois dans l'esprit de Salan, pour lui faire croire que de nombreuses flammes en étaient venues à l'entourer, grandes, menaçantes, particulièrement brûlantes. Afin de finir d'effrayer le frère de Karya, il lui fit croire qu'un énorme jet de feu, propulsé depuis Aranwë, lui fonçait droit dessus, pour lui brûler les ailes.

"J'espère que ça te suffira, insolent présomptueux. On ne porte pas la main sur mon Seigneur sans représailles... et ce n'était qu'un avant-goût de ce que je te ferai subir, plus tard..."

Aranwë, grâce à son contrôle élémentaire de la nature, puisa l'énergie ressourçante de ses plantes pour les insuffler à Karya. Usant également de son empathie, il le ramena doucement à la réalité, soucieux de le préserver de toute autre attaque mentale. Salan se débattait contre les flammes imaginaires, dans un coin, les lianes le blessant à chaque fois un peu plus profondément.

Au milieu de la douleur avec laquelle il se débattait, Karya sentit une vague apaisante l'atteindre. Il reprit peu à peu conscience. Aranwë le tenait dans ses bras. Sa tête le faisait encore souffrir, mais rien comparé à ce qu'il avait ressenti quelques instants auparavant. Il se redressa avec difficultés, s'appuyant sur son compagnon afin de conserver l'équilibre. Il se sentait encore très faible, malgré l'aide des pouvoirs d'Aranwë.

"Merci, Aranwë. Ton aide aura été précieuse, tu sais comme je crains ce genre de pouvoirs, lorsqu'ils m'atteignent. Heureusement que tu étais là... Je te dois une faveur, mon fidèle ami. Demande-la moi quand tu voudras."

En repensant à ce qui venait de se passer, la colère le prit. Dire qu'il s'était laissé piéger de cette façon par son insensé de frère... En observant la pièce, il remarqua qu'Aranwë n'y était pas allée de main morte. Le vent avait fait des dégâts, et Salan se débattait dans un coin contre des lianes qui le blessaient et du feu imaginaire. Bien, il allait rajouter sa touche personnelle à ce spectacle... Lâchant l'épaule d'Aranwë, tout en lui indiquant que tout allait bien, il lui fit un geste d'excuse avant de se diriger vers l'ange. Il allait lui faire plus qu'une égratignure...

Il s'arrêta devant son frère sans qu'il ne le remarque, car il était trop occupé à repousser un feu qui n'existait pas. Un sourire cruel étira les lèvres de l'ange déchu. La colère brillait dans ses yeux, qui se teintaient de rouge. Ce qui était très mauvais signe... Il invoqua une boule de feu, à l'intérieur de laquelle il introduisit sa main gauche. Les flammes dansaient autour de ses doigts, formant une sorte de gant ardent. Saisissant l'ange à la gorge de l'autre main, il l'immobilisa et posa sa main enflammée contre son aile.

Une odeur de plumes brûlées envahit peu à peu la pièce, tandis que Karya observait, impassible, mais avec une lueur de joie mauvaise dans le regard, Salan se tordre de douleur. Puis il enfonça sa main dans l'aile, la traversant de part en part. Le feu, en cautérisant la plaie, rendait impossible toute guérison de sa blessure. Et, vu son importance, Salan ne pourrait plus jamais se servir de son aile correctement. Lorsque Karya retira sa main de l'aile, l'ange s'évanouit. Karya se tourna alors vers Aranwë et déclara :

"Désolé d'avoir abîmé ton sujet d'étude, Aranwë. Mais je devais le punir pour son acte. Tu devras attendre qu'il se réveille pour commencer tes recherches. Auxquelles j'apprécierais d'assister, si cela ne te dérange pas. Je tiens à vérifier que tu t'occupes bien de mon cher frère."

Aranwë eut une inclination du buste, cachant son visage dont les yeux brillaient d'une lueur flattée et ravie, faisant pendre ses longues tresses. Se redressant, il regarda Karya avec un sourire respectueux.

"Quand j'aurai besoin de votre faveur, je saurai m'en rappeler, mon Seigneur. Mon aide n'a été qu'une piêtre démonstration, j'aurais dû me montrer plus prudent à votre égard..."

Mais déjà Karya s'était retourné pour s'en prendre à son frère, à qui il troua l'aile avec lenteur, sadisme et cruauté, faisant frissonner Aranwë. La vue d'un tel spectacle était un plaisir juteux, pour lui. Ayant malgré tout un léger froncement de sourcil face au fait que son "objet d'étude" ait été abîmé, il hocha la tête en signe de dénégation face à Karya.

"Je ne me permettrais pas de dire que c'est sans importance, car ce serait me conduire en hypocrite, mais je m'en arrangerai sans inquiétude. Il lui reste toujours son autre aile, et je suis curieux de savoir quel pouvoir elle peut bien renfermer..."

Aranwë eut une nouvelle inclination.

"Ce sera avec plaisir, Seigneur Karya. Je propose que nous le laissions récupérer d'ici à demain à l'aube. Il aura repris assez de force pour hurler jusqu'au crépuscule..."